Lettre ouverte – Par-delà nos campagnes
Il est des terres que l’on ne quitte jamais.
Elles demeurent en nous, silencieuses et fidèles, comme une mémoire qui veille.
Entre les fermes de Treffort-Val-Revermont, dans l’Ain, et celles de Bourbon-Lancy, en Saône-et-Loire, depuis des siècles, c’est ce sang paysan, transmis de génération en génération, qui coule dans mes veines.
Ce sang est fait de travail et de patience.
Il est fait de gestes répétés à l’aube, de saisons acceptées, de silences lourds mais droits.
Il est fait de dignité.
Je n’ai pas oublié l’enfance.
Les fermes enracinées dans la terre.
L’odeur de l’étable, le lait cru bu à même le quotidien, laissant sur nos visages d’enfants ces moustaches blanches dont nous étions fiers.
Je n’ai pas oublié la place sur le tracteur, la voix calme de tonton Louis, la simplicité de ces hommes qui parlaient peu mais faisaient beaucoup.
Je n’ai pas oublié Joseph, mon grand-oncle, paysan à vingt ans, tombé pour la France en 1915 à Crouy dans l’Aisne
Je n’ai pas oublié mes arrière-grands-parents, mes grands-parents, nés dans les fermes de l’Ain et de Saône-et-Loire, fiers d’avoir nourri la France, sans bruit, sans plainte.
Comment, alors, rester indifférent à ce que vivent aujourd’hui leurs héritiers ?
Car le monde paysan souffre.
Il souffre d’être ignoré, pressuré, réduit à des chiffres et à des normes.
Il souffre d’un pouvoir lointain, déconnecté de la terre.
Il souffre aussi d’une Europe qui peine à entendre la voix de ceux qui travaillent les champs.
Au nom de nos racines et de notre terre ancestrale, nous devons soutenir nos agriculteurs, nos paysans, avec respect et justice.
La détresse ne se gouverne pas par la force.
La terre ne se commande pas par la contrainte.
Il faut aussi regarder avec lucidité le rôle de l’industrie agroalimentaire.
Au nom des accords du Mercosur, elle s’apprête à tirer profit de produits importés, cultivés loin de nos exigences, loin de nos normes, loin de notre terre.
Pendant que nos agriculteurs luttent pour survivre, d’autres engrangent des bénéfices.
Ces produits, chargés de substances que nous refusons ici, entreront dans nos assiettes.
Et avec eux, le sentiment amer d’avoir sacrifié ceux qui nous nourrissent,
et d’avoir mis en péril notre santé.
Je ne veux pas de cette agriculture sans visage.
Je ne veux pas d’une alimentation qui oublie la terre, les hommes et les saisons.
Je veux une agriculture respectée, une alimentation honnête, une souveraineté préservée.
Il est temps de reprendre soin de ce qui nous fonde.
De notre terre.
De notre agriculture.
De notre avenir.
Agriculteurs, paysans de France,
vous êtes mes racines,
vous êtes ma mémoire.
Je vous soutiens avec respect et fidélité,
au nom de mes ancêtres et de notre terre.
Pascal F0DMG
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