L’année qui se termine laisse un goût amer. En France, en Europe, dans le monde, le bruit du fracas couvre trop souvent la voix de la raison. À écouter les bandes radio comme à lire l’actualité, on a parfois l’impression que la planète est devenue un immense QRM politique, où les cris d’ego saturent toutes les fréquences.
Je parle ici avec mon regard de radioamateur, celui d’un homme ordinaire, ni expert de plateau télé, ni stratège en chambre. Simplement quelqu’un qui observe, qui écoute, et qui tente encore de comprendre.
Des dirigeants hors sol

Ceux qui nous dirigent semblent désormais vivre hors sol, coupés non seulement des réalités quotidiennes, mais aussi des souffrances humaines les plus élémentaires. Protégés par leurs fonctions, leurs privilèges et leurs cercles fermés d’égaux, ils se parlent entre eux, se cooptent, se congratulent et s’autojustifient, pendant que les peuples encaissent.
La compétence a été remplacée par la posture. La vision par le court terme. Le courage par la communication. Ils gouvernent à coups de slogans, de conférences creuses et de décisions technocratiques prises loin du terrain, loin des larmes, loin du sang.
Le pouvoir, lorsqu’il n’est plus contrôlé par l’humilité et le sens du bien commun, rend fou. Fou d’ego, fou de certitudes, fou d’impunité. Ces dirigeants-là sont bien protégés, eux. Leurs enfants ne meurent pas sous les bombes. Leurs familles ne fuient pas sur les routes. Leurs nuits sont calmes pendant que d’autres comptent leurs morts.
Ils parlent de conflits comme on parle de dossiers. Ils parlent de pertes comme on parle de chiffres. Ils parlent de guerre sans jamais en payer le prix. Au nom d’intérêts prétendument supérieurs, au nom d’équilibres géopolitiques abstraits, ils sacrifient des innocents et appellent cela de la responsabilité.
Où sont passés les véritables diplomates de la paix ? Ceux qui savaient que la parole vaut toujours mieux que la violence, que la négociation est un acte de courage, que l’écoute est une force. Aujourd’hui, la guerre est redevenue un outil banal, presque administratif, pendant que les peuples en paient le prix fort.
Le monde vu depuis une station radio

Et pourtant… depuis une station radio, le monde apparaît sous un jour radicalement différent.
Sur les ondes, il n’y a ni frontières, ni murs, ni visas, ni discours martiaux. Il n’y a pas de camps à haïr ni d’ennemis à désigner. Il y a des voix humaines qui se cherchent, se répondent et se respectent. Des prénoms, des indicatifs, des accents du monde entier. Des radioamateurs ukrainiens, russes, américains, israéliens, palestiniens, africains, européens… qui, malgré les conflits imposés par leurs dirigeants, continuent de se parler.
La radio n’est pas un jouet, ni un simple loisir technique. Elle est depuis toujours un outil de paix. Elle oblige à écouter avant de répondre. Elle impose le respect des règles, du silence, du tour de parole. Elle apprend que la communication n’est possible que si l’on accepte l’autre.
Le radioamateurisme est une école de fraternité. Quand un opérateur appelle au secours, quelqu’un répond. Quand une catastrophe coupe les réseaux modernes, la radio reste souvent le dernier lien. Quand les États échouent, les hommes et les femmes de bonne volonté, eux, se parlent encore.
Sur les ondes, nous savons que l’autre n’est pas un ennemi par défaut. Nous savons que derrière chaque indicatif, il y a une famille, une histoire, une vie.
Un message d’espoir

Alors oui, le constat est dur. Oui, la colère est légitime face à l’incompétence, au cynisme et à l’aveuglement de ceux qui gouvernent sans écouter. Mais je refuse de céder au désespoir.
L’espoir existe, il vit dans ces milliers de contacts fraternels échangés chaque jour sur les ondes. Il vit dans cette certitude que les peuples, eux, peuvent encore se comprendre, se respecter et s’aimer, malgré les murs dressés par la folie humaine.
Je souhaite de tout cœur que l’année à venir voit enfin reculer la haine, que cessent les morts inutiles, que plus aucun enfant ne tombe sous les bombes, que plus aucune mère n’ait à enterrer son fils ou sa fille. Que la paix redevienne un objectif réel, et non un mot vidé de son sens.
À tous les radioamateurs, à tous les amis, proches ou lointains, connus ou rencontrés un jour sur une fréquence, je souhaite de très belles fêtes de fin d’année. Qu’elles soient empreintes de chaleur, de fraternité et d’espérance.
Puissions-nous, chacun à notre niveau, continuer à faire vivre cet esprit humaniste qui traverse les ondes et rappelle au monde que l’écoute est toujours le premier pas vers la paix.
PASCAL / F0DMG

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