09/07/2025
image

Nous vivons une époque où tout s’accélère.
Il faut produire plus, consommer plus, répondre plus vite, être disponible, performant, rentable. Toujours.
La vie devient une course contre la montre, et le pire, c’est qu’on ne sait même plus après quoi on court.

Le matin, les visages fatigués se croisent sans se voir. Les écrans remplacent les regards.
On s’endort lessivés, lessivés d’avoir trop donné… pour quoi, au fond ?
Pour une société qui nous presse comme des citrons, où l’humain s’efface derrière les chiffres et les indicateurs.

La politique ? Elle semble devenue un théâtre d’ombres, où les élites, souvent hors sol, débattent entre elles de réalités qu’elles ne vivent plus.
Le peuple, lui, subit. Il râle, il s’adapte, il encaisse. Mais il n’y croit plus.
Et l’Europe, si belle sur le papier, semble elle aussi flotter au-dessus des vraies urgences, sourde aux cris étouffés de ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois, à se chauffer, à rêver.

Et pendant ce temps-là, la guerre gronde à nos portes, et parfois même dans nos rues.
Des conflits anciens ressurgissent, des frontières se rouvrent à coups de missiles.
Des peuples sont déplacés, des familles brisées, des enfants meurent pour des intérêts qui les dépassent.
Pendant que certains jouent aux échecs avec des vies humaines, d’autres luttent simplement pour survivre.
Le bruit des bombes couvre les cris, les appels au secours restent sans réponse.

Mais il reste des refuges.
Des échappatoires.
Des bulles d’air dans cet océan de bruit, de peur, et de vitesse.

Certains les trouvent dans la pêche, le jardinage, le sport, la musique, le bricolage.
D’autres, comme nous, dans une passion étrange et merveilleuse : la radio.
Pas la radio qu’on écoute. La radio qu’on émet.

Le monde des radioamateurs.

Ici, pas de castes, pas de costume ni de diplôme requis.
Un médecin peut parler à un retraité, un ingénieur à un plombier, un enseignant à un adolescent curieux.
Sur les ondes, nous sommes tous égaux.
Ni pauvres ni riches, ni puissants ni petits. Juste des passionnés reliés par la magie invisible des fréquences.

Ce monde-là ne vend rien, il partage.
Il ne crie pas, il écoute.
Il ne classe pas, il relie.
Et dans ce monde si bruyant, ce silence est une forme de résistance.

La radio, c’est apprendre à comprendre, à expérimenter, à construire, à respecter.
C’est aussi l’émotion pure d’un contact lointain, fait d’un souffle, d’un indicatif, d’un QSL échangé.
C’est vieux comme le XXe siècle, et pourtant, terriblement vivant.
On pourrait croire que c’est dépassé… mais on ne l’a jamais autant aimé.

Plus de 3 millions de radioamateurs sillonnent les ondes aujourd’hui, sur tous les continents.
Et parmi eux, des visages célèbres, comme pour rappeler que cette passion touche tous les milieux, tous les horizons :

  • L’ancienne chancelière Angela Merkel est la fille d’un radioamateur passionné, qui lui a transmis très tôt le goût des sciences et de la technique.
  • le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz est un radioamateur licencié avec l’indicatif DK7DQ. 
  • Le roi Hussein de Jordanie, connu sous l’indicatif JY1, passionné de contacts internationaux.
  • L’astronaute Samantha Cristoforetti (IZ0UDF), qui depuis l’ISS parlait aux enfants du monde entier.
  • Le musicien Joe Walsh (WB6ACU), guitariste des Eagles.
  • L’acteur Tim Allen (KK6OTD), connu pour son rôle dans Papa bricole et Last Man Standing.
  • L’acteur Milo Ventimiglia (KI6JDM), star de la série This Is Us, lui aussi détenteur d’un indicatif.
Samantha Cristoforetti (IZ0UDF)

Passer son certificat d’opérateur, ce n’est pas juste décrocher un droit.
C’est entrer dans une grande famille. Une famille mondiale, fraternelle, généreuse.
Une famille où l’on partage le savoir, où l’on aide, où l’on écoute.
Une famille où, sur les ondes, on ne juge pas, on tend la main.

Dans un monde où tout semble à vendre, les ondes radio restent un territoire de gratuité, de liberté, de fraternité.
Un monde sans pub, sans algorithme, sans filtre.
Un monde où l’on prend le temps, et où l’on écoute… vraiment.

Et quand le monde s’entredéchire, les radioamateurs continuent de relier les peuples, d’envoyer un message, de tendre un fil entre deux continents, entre deux solitudes.
Ils prouvent que la paix passe aussi par la parole, même discrète, même codée en morse.

Alors oui, tout va trop vite.
Oui, les puissants semblent ne plus nous voir.
Mais tant qu’il nous restera ces moments d’échange, ces QSO du bout du monde, ces antennes dressées vers le ciel, rien n’est perdu.

Parce que là-haut, dans l’éther, il reste un peu d’espoir.
Et nous, radioamateurs, nous le faisons vivre.

Écrit par un bon copain qui écoute encore le monde quand il parle doucement.


En savoir plus sur LVP71

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *