
Une voltige dans le ciel… et dans la mémoire d’un enfant
Quand j’étais gamin, j’avais une passion dévorante pour les avions. Chaque fois qu’un meeting aérien avait lieu à Saint-Yan, je suppliais mes parents de m’y emmener. Le ciel de Bourgogne devenait, le temps d’un après-midi, un théâtre merveilleux où se jouaient les plus beaux ballets mécaniques.
C’est là, sur le tarmac de l’aérodrome de Saint-Yan, que mes yeux d’enfant ont été éblouis pour la première fois par Reine Lacour. Elle volait ce jour-là aux commandes de son Stampe SV-4, petit biplan nerveux et élégant, avec une grâce et une précision qui forçaient l’admiration. Sa démonstration de voltige fut tout simplement magistrale. J’avais à peine plus de dix ans, mais je n’ai jamais oublié le tracé parfait de ses figures, ni cette impression saisissante de voir une femme dompter le ciel avec une légèreté de danseuse et la rigueur d’un officier.

Des décennies ont passé, mais cette image est restée intacte dans mon cœur.
Une rencontre inattendue avec une légende
Il y a trois ans, je suis retourné à un meeting à Saint-Yan, qui rendait justement hommage au Stampe SV-4. Et là, surprise inespérée : Ponpon était là. Oui, Ponpon, c’est ainsi qu’on surnomme affectueusement Reine Lacour dans le milieu aéronautique. Elle était simplement assise, paisible, entourée d’amis.

Je me suis approché, un peu intimidé, et j’ai osé lui parler.
Je lui ai raconté ce souvenir d’enfance, cette démonstration de voltige qui m’avait tant marqué. Elle m’a écouté avec gentillesse, puis elle a souri avec une humilité touchante. Nous avons échangé quelques mots. Ce jour-là, j’ai rencontré une princesse de l’air, au sens noble du terme. Une de ces femmes dont l’élégance se mesure non seulement en manœuvres aériennes, mais en humanité.

Une vie dédiée au ciel et à la transmission
Reine Lacour n’est peut-être pas une célébrité nationale comme Jacqueline Auriol ou Maryse Bastié, mais elle est une figure incontournable de l’aviation civile et de la voltige française. Pilote exceptionnelle, elle a formé des centaines de pilotes, transmis la passion de l’air à plusieurs générations, et démontré que le cockpit n’était pas réservé aux hommes.
Pendant plusieurs décennies, elle a été instructrice à l’aéro-club de Pouilloux (près de Montceau-les-Mines), et on estime qu’elle a formé plus de 200 élèves pilotes. Elle a également été voltigeuse, participant à de nombreuses démonstrations à travers la France. Sa monture fétiche ? Le Stampe SV-4, ce biplan mythique d’origine belge, qui a bercé tant de vocations.
Ce n’est pas une carrière qu’elle a eue : c’est une mission, presque un sacerdoce. Et toujours avec cette même simplicité, cette discrétion, et cette passion viscérale pour l’aviation.
Les princesses de l’air

Reine Lacour fait partie, pour moi, de cette lignée de femmes pionnières de l’air. Des femmes comme Adrienne Bolland, Maryse Hilsz, Hélène Boucher, Jacqueline Auriol, Caroline Aigle, Dorine Bourneton, qui ont toutes, à leur manière, conquis des cieux que l’on croyait réservés aux hommes.
Des princesses de l’air, comme j’aime les appeler.

Nous avons un devoir : ne pas les oublier. Leur rendre hommage, raconter leurs histoires, partager leurs sourires, leurs ailes, leurs combats. Car elles ont ouvert la voie à toutes celles et ceux qui rêvent encore de voler, les yeux levés vers le ciel.
Merci, Ponpon
Madame Lacour,
Permettez-moi, en toute humilité, de vous dire merci.
Merci pour votre sourire, pour cette rencontre que je n’oublierai jamais. Merci d’avoir gravé votre nom dans mon ciel intérieur, et dans celui de tant de pilotes que vous avez formés. Vous êtes l’une de ces étoiles discrètes, mais éternelles, qui brillent au-dessus de nos souvenirs d’enfance.
Vous n’avez peut-être jamais cherché la gloire… mais vous l’avez trouvée dans nos cœurs.
En savoir plus sur LVP71
Subscribe to get the latest posts sent to your email.