Comme je l’avais précédemment exposé dans le préambule à ce premier article du genre, mes lectures adolescentes m’avaient conduit à m’intéresser à la résistance dans le Vercors et aux figures héroïques qui en étaient les acteurs.
Les circonstances de la vie, ou plutôt le destin, m’ont amené à quitter Le Creusot pour m’installer dans le département de l’Isère, le 38, où se trouve le Vercors, ce plateau magnifique entre Grenoble (38) et Romans-sur-Isère (26). Mon épouse, originaire de Lyon et adepte du ski de fond, était une connaisseuse du Vercors. Elle non seulement m’a servi de guide, mais m’a aussi initié au ski de fond. Nous avons eu le privilège de passer du temps sur le plateau.
À Vassieux-en-Vercors se trouvait un musée consacré au Vercors et aux événements tragiques de 1944.
C’est ainsi que nous avons rencontré Monsieur La Picirella, dont le musée était l’œuvre. Résistant courageux, il a consacré sa vie au souvenir de ses camarades du maquis. Nous avons rapidement sympathisé avec cet homme jovial et affable.
J’ai découvert qu’il était l’auteur d’un des livres que j’avais lu sur le sujet quinze ans auparavant. Il m’a également confié ses préoccupations concernant certaines manipulations et libertés prises avec l’histoire à des fins touristiques par certaines autorités. Il tenait à ce que ces lieux demeurent des sites mémoriels et non pas des parcs d’attractions aux multiples marchands du temple .
À travers un ouvrage rédigé par un universitaire de Lyon 3, relatant les exploits de Jo (Joseph Lapicirella), j’ai pu comprendre que le jeune homme qu’il était en 1944, avait fait preuve d’un courage extraordinaire lors de la libération de Romans. Il avait pris d’énormes risques pour dégager la voie à ses camarades et les protéger.
Il nous avait confié ses colères, notamment envers ceux qui déformaient la vérité historique, dont il était l’un des survivants. Il m’avait même remis une copie d’une lettre dénonçant ces faits. Ce grand Monsieur a eu la gentillesse de dédicacer un de ses ouvrages à mon épouse et à moi. Je suis pleinement conscient d’avoir rencontré l’un de ces hommes qui ont façonné l’histoire de notre France. Monsieur Lapicirella, les combats menés par vous et vos frères d’armes ont offert à nos générations le précieux cadeau de la liberté. Nous vous serons éternellement reconnaissants. Nous ne vous oublierons jamais.
Sources: https://www.livre-rare-book.com/book/5472551/1297
Témoignage de Joseph La Picirella. Né le 19 mai 1924 à Oullins (Rhône), dans une famille d’immigrés italiens, il est placé à 7 ans comme berger dans une exploitation dans l’Ain avant d’obtenir son CEP avec mention. En 1940, il part avec quatre camarades se réfugier en Ardèche. Il avait alors 16 ans. Après l’Armistice, il revient à Lyon et rejoint les compagnons de France. En 1942, il s’engage dans l’armée et est affecté à la 270e batterie du 405e régiment de DCA à Saint-Genis-Laval, près de Lyon. La zone libre, alors occupée, Joseph La Picirella est renvoyé dans ses foyers. Là commence son aventure dans la Résistance. Arrivé en train à Romans, il regagne à pied, sous la neige, Saint-Martin-en-Vercors où il est présenté au capitaine Geyer, alias Thivollet, qui l’affecte au camp Bourgeois. Le 23 juin 1944, il fait partie du commando qui allait libérer Lyon et le 10 juillet, il participe à l’embuscade du col de la Croix-Haute. Les 22 et 23 juillet, il assiste à l’agonie du village de Vassieux… C’est parce qu’il avait vécu la tragédie du Vercors, qu’inlassablement depuis 1958 Joseph La Picirella amassait des documents. Il publiait en 1961 « Mon journal du Vercors » et en 1969, il éditait « Témoignages du Vercors ». En 1973, il se consacrait à la création d’un musée de la Résistance à Vassieux. Pour ce faire, il achetait une ancienne ferme… C’était le début d’une belle aventure. Le 10 juin 1973, l’inauguration attirait plus de 5.000 personnes ! Joseph La Picirella est décédé en 2010. (Le Dauphiné, 16 mai 2010) .
Joseph La Picirella, a man of conviction (Vercors).
As I previously outlined in the preamble to this first article of its kind, my teenage readings had led me to take an interest in the resistance in the Vercors and the heroic figures who were its actors.
Life’s circumstances, or rather destiny, led me to leave Le Creusot and settle in the department of Isère, 38, where the Vercors lies—a magnificent plateau between Grenoble (38) and Romans-sur-Isère (26). My wife, hailing from Lyon and a cross-country skiing enthusiast, was knowledgeable about the Vercors. Not only did she serve as my guide, but she also initiated me into cross-country skiing. We had the privilege of spending time on the plateau.In Vassieux-en-Vercors, there was a museum dedicated to the Vercors and the tragic events of 1944.This is how we met Mr. La Picirella, whose museum was his creation. A courageous resistor, he dedicated his life to the memory of his maquis comrades. We quickly became friends with this jovial and amiable man.I discovered that he was the author of one of the books I had read on the subject fifteen years earlier. He also shared his concerns with me regarding certain manipulations and liberties taken with history for tourist purposes by certain authorities. He insisted that these places remain memorials and not turn into amusement parks with numerous vendors.Through a book written by a scholar from Lyon 3, recounting Jo’s (Joseph Lapicirella’s) exploits, I came to understand that the young man he was in 1944 displayed extraordinary courage during the liberation of Romans. He took enormous risks to clear the way for his comrades and protect them.He entrusted us with his anger, especially towards those who distorted historical truth, of which he was one of the survivors. He even gave me a copy of a letter denouncing these facts. This great gentleman kindly dedicated one of his books to my wife and me. I am fully aware that I have met one of those men who shaped the history of our France. Mr. Lapicirella, the battles fought by you and your brothers in arms have bestowed upon our generations the precious gift of freedom. We will be eternally grateful to you. We will never forget you.
Testimony of Joseph La Picirella. Born on May 19, 1924, in Oullins (Rhône), into a family of Italian immigrants, he was placed as a shepherd on a farm in Ain at the age of 7 before obtaining his Certificate of Primary Studies (CEP) with honors. In 1940, at the age of 16, he fled with four comrades to take refuge in Ardèche. After the Armistice, he returned to Lyon and joined the companions of France. In 1942, he enlisted in the army and was assigned to the 270th battery of the 405th Anti-Aircraft Regiment in Saint-Genis-Laval, near Lyon. With the Free Zone then occupied, Joseph La Picirella was sent back home. Thus began his adventure in the Resistance. Arriving by train in Romans, he walked through the snow to Saint-Martin-en-Vercors, where he was introduced to Captain Geyer, also known as Thivollet, who assigned him to Camp Bourgeois. On June 23, 1944, he was part of the commando that would liberate Lyon, and on July 10, he participated in the ambush at the Col de la Croix-Haute. On July 22 and 23, he witnessed the agony of the village of Vassieux… It was because he had experienced the tragedy of the Vercors that tirelessly since 1958 Joseph La Picirella collected documents. He published « My Journal of the Vercors » in 1961 and in 1969, he edited « Testimonies of the Vercors ». In 1973, he dedicated himself to the creation of a Resistance museum in Vassieux. To do this, he purchased an old farm… It was the beginning of a beautiful adventure. On June 10, 1973, the inauguration attracted more than 5,000 people! Joseph La Picirella passed away in 2010. (Le Dauphiné, May 16, 2010)
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